REVISTA TRIPLOV
de Artes, Religiões e Ciências


Nova Série | 2011 | Número especial
Homenagem a Ana Luísa Janeira

 

Ana Luísa Janeira
Foto de José M. Rodrigues

Marie-Paule Desaulniers

 

UNE AMIE TEILHARDIENNE

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Maria Estela Guedes  
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C’est lors d’un congrès de l’Association des Amis de Pierre Teilhard de Chardin, en 1970, que j’ai connu Ana Luísa Janeira. Nous étions toutes deux étudiantes en philosophie  à la Sorbonne, elle était au doctorat et moi à la maîtrise. Nous avions toutes deux choisi le même auteur Teilhard de Chardin, avec la même directrice de thèse Madeleine Barthélémy-Madaule. C’était faire preuve de témérité dans une université réputée pour son esprit libre-penseur et sa manie de tout cataloguer rationnellement. Teilhard était encombrant et inclassable avec sa formation scientifique, sa foi armée de théologie, sa philosophie de l’évolution et sa prose poétique. A l’Abbaye de Royaumont où avait lieu ce congrès, nous avons découvert que non seulement nous étudiions le même auteur mais que nous logiions dans la même maison d’étudiantes, boulevard St-Michel. Notre rencontre eut donc lieu sous le signe de la convergence et de la recherche. L’amitié qui débuta alors nous lie toujours et elle a gardé ces caractéristiques.

En connaissant Ana Luisa, j’ai eu la certitude que le sujet qu’elle avait choisi de travailler était taillé sur mesure pour elle : «La notion d’énergie chez Teilhard de Chardin». Elle a mené sa recherche et sa vie avec la même énergie qui a fait mon admiration, allant de plus en plus loin dans l’approfondissement de la philosophie des sciences alors que je menais mon chemin ailleurs, dans un autre domaine et dans un autre pays. Mais j’ai su tout de suite qu’Ana Luisa ne pourrait se limiter à un espace clos et qu’elle chercherait à établir des liens et des collaborations internationales. Son épais carnet d’adresse était déjà rempli de contacts venant de tous les coins du monde.

 
 
 
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
 
 

Pendant ce congrès, nous avons eu l’idée d’organiser un Cercle de Jeunes Teihardiens, avec le soutien de madame Barthélemy-Madaule. Ce petit cercle était  international, comprenant en plus de nous deux, trois autres françaises : Brigitte Legros, Claudine Velliet et Édith de la Héronnière, un équatorien : Luis Lopez de Silva et un espagnol : Manuel Alvarez.  Ce fut un extraordinaire atelier de développement philosophique, chacun à son  tour présentant un exposé lors de nos réunions mensuelles. Ce fut aussi un milieu amical et chaleureux qui apportait un peu de vie dans l’ambiance aride de la philosophie universitaire. Grâce à ce Cercle et à Ana Luisa, j’ai découvert le Portugal, les difficultés politiques qu’il traversait, son histoire glorieuse, sa culture et le sens du mot «saudade» que je ressentais sans le comprendre en écoutant du fado. Où qu’elle aille, j’ai toujours vu Ana Luisa expliquer son pays, le mettre en valeur, montrer son développement et y participer activement comme citoyenne philosophe.

Ana Luísa Janeira en 1976

 

Quand est arrivé le temps de sa soutenance de thèse, nous sommes allées toutes les deux lui acheter une robe noire, élégante et sobre. Je trouvais son choix un peu sévère mais c’était avant d’aller au Portugal et de constater à quel point le noir était là-bas une couleur quasi nationale ! Portugal ou pas, elle voulait une robe noire à l’instar de celle de Marie Curie qu’elle admirait tant; Ana a toujours eu des modèles inspirants et de haute tenue intellectuelle. Pendant sa soutenance, j’ai pris des notes pour elle, cela me permettait de cacher mes émotions plus facilement. Elle a fait de même pour moi plus tard, quand j’ai à mon tour soutenu ma thèse en philosophie de l’éducation à Strasbourg, en janvier 1989.

 
 
 

Ana Luísa Janeira avec Marie-Paule et
d'autres collègues à Royaumont, en 1970

 

Nous avons eu le bonheur de nous retrouver à Montréal où Ana-Luisa passait son année sabbatique, en 1990. Alors que je vivais au Québec depuis vingt ans, c’est elle qui m’a fait découvrir le caractère unique du Jardin Botanique de Montréal, fondé par le frère Marie-Victorin.

Je souhaite à mon amie teilhardienne de vivre sa retraite avec l’énergie, l’ouverture d’esprit et la curiosité intellectuelle qui la caractérisent, de regarder  toujours «en avant».

 

Trois-Rivières, Québec, le 30 décembre 2010  

Marie-Paule Desaulniers. Ph D.

Professeure associée

Université du Québec à Trois-Rivières (Québec) . CANADA

 

 

 

Marie-Paule Desaulniers est philosophe et pédagogue, française et québécoise. Après sa maîtrise de philosophie à la Sorbonne qui lui a donné le bonheur de rencontrer Ana Luisa Janeira et de devenir une de ses amies teilhardiennes, elle a choisi de vivre au Québec pour y fonder une famille avec l'artiste verrier Gilles Desaulniers. Elle a travaillé dans le domaine de la formation des enseignants à l' Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada, en philosophie de l'éducation, en éducation sexuelle scolaire et en éthique professionnelle de l'enseignement. Depuis sa retraite, elle se consacre, en plus de sa famille et de ses amis, à la musique, au tango, et aux voyages. Ses intérêts actuels la mènent vers une écriture plus personnelle relative à la vie culturelle en général et aux voyages culturels en particulier .marie-paule.desaulniers@uqtr.ca

 

 

© Maria Estela Guedes
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